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Etudes sur la descendance

Etat des lieux sanitaire autour du site des essais nuclรฉaires soviรฉtique de Semipalatinsk (Kazakhstan)

ย Par le Dr A.Behar

Dans cette rรฉgion du KAZAKHSTAN, proche de la Sibรฉrie et du centre militaire de MAYAK (autre catastrophe atomique), il y a eu de 1949 ร  1989, 456 essais atomiques, aรฉriens puis souterrains. La radio contamination comme lโ€™irradiation externe concerne 1,5 millions dโ€™individus. La dose moyenne dโ€™irradiation est trรจs รฉlevรฉe autour de 1,8 Sv (1800 fois plus รฉlevรฉe que la dose admissible pour la population). En fait, les plus grandes irradiations ont eu lieu en 1949, mais il reste une radio contamination importante, hรฉtรฉrogรจne, aujourdโ€™hui).

LES โ€œRADIONUCLร‰IDESโ€œ retrouvรฉs aujourdโ€™hui sontย : le plutonium, lโ€™amรฉricium, le cรฉsium et le strontium, probablement dโ€™autres en fait non mesurรฉs. Compte tenu de lโ€™anciennetรฉ de la pollution atomique, on ne retrouve pas dโ€™iode radioactif, ce qui est logique eut รฉgard ร  sa durรฉe de vie courte.

Quelles sont les consรฉquences sur la santรฉ des 3 gรฉnรฉrations vivantes sur la zoneย ? (il sโ€™agit de Kazakhs, de Russes et de quelques allemands.

Il sโ€™agit dโ€™abord des maladies radio induites classiques : Par ordre, selon la mesure de lโ€™excรจs de risque relatif, significatif au dessus de 1: cancer du poumon, sein, estomac, peau. (ร‰tude de dรฉcembre 2014)

Le classement est diffรจrent, surtout les 2 derniers comparรฉs aux survivants dโ€™Hiroshima mais la radio induction est classique.

-Mais il y a aussi des maladies spรฉcifiques ร  ces essais soviรฉtiquesย :

  1. Lโ€™ALOPECIE des sujets jeunes (< 35 ans). Ceci nโ€™a pas รฉtรฉ observรฉ dans les autres lieux dโ€™essais nuclรฉaires, mais on est ici dans le cadre de trรจs fortes doses dรฉlivrรฉes ร  la population.
  2. Des maladies cardio-vasculaires (surtout infarctus du myocarde), mais on le retrouve aussi en Biรฉlorussie (aprรจs Tchernobyl) et chez les vรฉtรฉrans des essais nuclรฉaires franรงais.
  3. Reste une รฉnigme pas dโ€™excรจs de cancer de la thyroรฏde, mรชme tardif. Une hypothรจse plausible pour cet รฉtrange rรฉsultat : les cancers de la glande thyroรฏdienne non pas รฉtรฉ colligรฉ dans la pรฉriode 1949/1967. il y a peut รชtre dโ€™autres raisons.

Mais lโ€™effet sanitaire sur les 3 gรฉnรฉrations se situe ailleursย : il y a un stigmate particulier, รฉpigรฉnรฉtique, dans lโ€™รฉtude de lโ€™ADN dans les 3 gรฉnรฉrations en comparaison avec une population non irradiรฉe dans le mรชme pays.

  • Dโ€™un cรดtรฉ, les dommages directs sur les chromosomes ne sont pas retrouvรฉs dans lโ€™รฉtude de 2002, dommages du type cassure ou translocations, ce qui est cohรฉrent avec la faible radioactivitรฉ actuelle dans cette rรฉgion
  • De lโ€™autre cรดtรฉ, et ceci est dรฉmontrรฉ pour la premiรจre fois, il existe une frรฉquence รฉlevรฉe et significative de mutations dans la lignรฉe germinale, sous forme dโ€™anomalie des โ€œmini satellitesโ€œ particuliรจrement sensibles aux intrusions agressives venant de lโ€™environnement dans notre organisme.
  • Mais, constatation fondamentale, ce stigmate nโ€™est pas hรฉrรฉditaireย : Car il est le plus frรฉquent sur la deuxiรจme gรฉnรฉration, nรฉe avec les essais atmosphรฉriques par rapport ร  la premiรจre gรฉnรฉration nรฉe avant. Or ร  la troisiรจme gรฉnรฉration, celle des essais souterrains, la frรฉquence diminue trรจs significativement.

Pour la premiรจre fois, un trouble persistant de nos moyens de dรฉfense, autrement dit une vraie pathologie de lโ€™environnement, est dรฉmontrรฉ en cas de radio contamination chronique dโ€™une population. On a depuis retrouvรฉ la mรชme chose autour de Tchernobyl.

Nous sommes donc au dรฉbut de la caractรฉrisation particuliรจre des gens vivants sous radio contamination continue. Cela concerne Fukushima et demain la Franceย ?

Les dommages causรฉs par les radiations chez les vers males sautent une gรฉnรฉration

On a dรฉcouvert que l’ADN paternel endommagรฉ par les radiations provoquait la mort des embryons de la deuxiรจme gรฉnรฉration de vers nรฉmatodes, mais pas de la premiรจre. Les mรฉcanismes proposรฉs aident ร  expliquer l’absence observรฉe d’un tel effet chez l’homme.

Consulter le rapport

Etude indรฉpendante financรฉe par des associations de vรฉtรฉrans Anglais ร ย  l’Universitรฉ de Leicester, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine et de l’Universitรฉ Brunel de Londres.

Aucune preuve de mutations accrues dans la lignรฉe germinale d’un groupe de vรฉtรฉrans britanniques des essais nuclรฉaires. Rรฉfรฉrence : Moorhouse et al (2022). Aucune preuve de mutations accrues dans la lignรฉe germinale d’un groupe de vรฉtรฉrans britanniques des essais nuclรฉaires.

Rapports scientifiques, 12, 10830.

Contexte de la rechercheย :

Une population d’individus (potentiellement) exposรฉs aux radiations sont des vรฉtรฉrans du programme britannique d’essais nuclรฉaires, dans lequel on estime que plus de 20 000 militaires britanniques ont assistรฉ ร  au moins un site d’essai dans les annรฉes 1950 et 1960. Des questions quant ร  savoir si les anciens combattants auraient pu รชtre suffisamment exposรฉs aux rayonnements pour causer des dommages et, s’inquiรฉter de l’hรฉritage potentiel (hรฉritรฉ) chez les descendants de toute exposition historique aux rayonnements, demeurent. L’รฉtude du trio familial gรฉnรฉtique et cytogรฉnรฉtique (GCFT) a รฉtรฉ entreprise pour rรฉpondre en partie ร  ces prรฉoccupations. Les mutations de l’ADN surviennent tout au long de notre vie dans toutes les cellules de notre corps, y compris dans nos cellules germinales (spermatozoรฏdes et ovules). Les progrรจs des technologies de sรฉquenรงage du gรฉnome entier permettent de mesurer le nombre, le type, la distribution et les consรฉquences de ces mutations nouvelles ou de novo dans notre lignรฉe germinale. ร€ partir de lร , le nombre de nouvelles mutations d’ADN par individu et par gรฉnรฉration qui devraient se produire peut รชtre trouvรฉ. L’exposition aux rayonnements ionisants est connue pour augmenter la charge ou la quantitรฉ de mutations de l’ADN. La question de savoir si la quantitรฉ de mutations germinales de novo est la mรชme ou plus รฉlevรฉe que celle ร  laquelle on pourrait s’attendre chez les enfants non exposรฉs nรฉs de parents exposรฉs aux rayonnements est en cours dans un certain nombre de populations diffรฉremment exposรฉes.

Quel รฉtait le but de cette recherche ?

Mesurer la quantitรฉ et le type de mutations germinales de novo de l’ADN dans les familles de vรฉtรฉrans britanniques des essais nuclรฉaires (cohorte NTV) et les comparer avec les familles de militaires britanniques non prรฉsents aux essais nuclรฉaires (cohorte tรฉmoin).

Qu’est-ce que la recherche implique ?

Une population de 30 trios familiaux de vรฉtรฉrans test et 30 contrรดles (pรจre vรฉtรฉran, mรจre, enfant) qui ont รฉtรฉ recrutรฉs dans le cadre de l’รฉtude Genetic and Cytogenetic Family Trio (GCFT) a รฉtรฉ รฉtudiรฉe. Des informations sur les antรฉcรฉdents de service et d’autres expositions potentielles ont รฉtรฉ recueillies et des รฉchantillons de sang ont รฉtรฉ reรงus. L’ADN a รฉtรฉ extrait des รฉchantillons de sang et le code ADN sรฉquencรฉ ร  l’aide d’outils de sรฉquenรงage du gรฉnome entier. Des logiciels spรฉcialisรฉs ont permis d’identifier de nouvelles mutations de l’ADN chez l’enfant qui n’รฉtaient prรฉsentes chez aucun des parents. Les mutations identifiรฉes ont รฉtรฉ vรฉrifiรฉes ร  l’aide d’un certain nombre de techniques รฉtablies et classรฉes en types de mutation dรฉfinis. Toutes ces analyses ont รฉtรฉ rรฉalisรฉes en aveugle pour tester/contrรดler le statut familial et ont permis de dรฉterminer la quantitรฉ (ou la frรฉquence) et le type de mutations de novo pour chaque famille. Aprรจs l’achรจvement de l’analyse, les familles ont รฉtรฉ dรฉcodรฉes pour permettre une comparaison entre les vรฉtรฉrans du test et les groupes familiaux de contrรดle.

Qu’avons-nous trouvรฉ ?

Par rapport ร  la littรฉrature publiรฉe, nous trouvons que nos donnรฉes sont cohรฉrentes avec celles d’รฉtudes plus importantes examinant les mutations germinales dans la population gรฉnรฉrale. Nos donnรฉes confirment รฉgalement l’hypothรจse selon laquelle la quantitรฉ de mutations de novo augmente avec l’augmentation de l’รขge du parent au moment de la conception. Lorsque nous avons comparรฉ le nombre total de mutations de novo , de tout sous-type de mutation, parmi la progรฉniture des vรฉtรฉrans des essais nuclรฉaires ร  celle du personnel de contrรดle, nous ne trouvons aucune diffรฉrence. Nous avons observรฉ une augmentation d’un schรฉma particulier de mutations, connu sous le nom de signature de mutation SBS16, dans un sous-ensemble de descendants de NTV. Nous avons utilisรฉ deux mรฉthodes statistiques diffรฉrentes pour examiner cela plus en profondeur et nous ne pouvons pas exclure avec une confiance suffisante qu’il s’agisse d’un rรฉsultat alรฉatoire.

Qu’est-ce que รงa veut dire ?

Notre รฉtude ne montre aucune augmentation significative de la quantitรฉ ou du type de nouvelles mutations de l’ADN chez la progรฉniture des pรจres vรฉtรฉrans des essais nuclรฉaires รฉchantillonnรฉs ici. Cela reflรจte probablement les trรจs faibles doses que l’on pense avoir รฉtรฉ reรงues par la majoritรฉ des vรฉtรฉrans du test et devrait rassurer cette communautรฉ qu’il n’y a aucune preuve d’un hรฉritage gรฉnรฉtique de participation au test dans les familles รฉchantillonnรฉes ici. La signification, le cas รฉchรฉant, de l’augmentation de la signature SBS 16 de la mutation chez un petit nombre de descendants NT n’est pas claire ร  ce stade et nรฉcessite une enquรชte plus approfondie.

Quelle est la prochaine ?

Les travaux sur l’รฉtude GCFT se poursuivent. Nous finalisons un examen chromosomique des anciens combattants pour รฉvaluer l’exposition historique aux rayonnements et nous effectuons une analyse chromosomique supplรฉmentaire pour rechercher des altรฉrations gรฉnรฉtiques chez leurs enfants adultes. Nous prรฉvoyons qu’ร  l’issue de ces analyses chromosomiques, nous serons en mesure d’entreprendre une รฉvaluation holistique de tous les rรฉsultats gรฉnรฉrรฉs jusqu’ร  prรฉsent dans toutes les parties de cette รฉtude.

Qui a fait cette recherche ?

Cette รฉtude a รฉtรฉ rรฉalisรฉe par des chercheurs de l’Universitรฉ de Leicester, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine et de l’Universitรฉ Brunel de Londres. Ce travail a รฉtรฉ, en partie, soutenu par le Nuclear Community Charity Fund (NCCF) grรขce ร  des fonds reรงus par The Armed Forces Covenant Fund Trust dans le cadre de l’Aged Veterans Fund Grant AVF16 et de l’Universitรฉ Brunel de Londres.