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« On a reçu une pluie radioactive » : ces vétérans de la Sarthe impactés par des essais nucléaires.
Le Comité d’Indemnisation de l’Association des Vétérans des Essais Nucléaires s’est rassemblé à Sablé-sur-Sarthe. Les vétérans ont évoqué l’impact du nucléaire sur leur santé.
Jean-Luc Sans, président honoraire et délégué auprès du Comité d’Indemnisation de l’Association des Vétérans des Essais Nucléaires de la Sarthe, Gilles BARILLE, Correspondant départemental du Maine-et-Loire,et Joël DEBOSCHKER, correspondant de la SARTHE étaient dans le Pacifique au moment des essais nucléaires de début des années 70.
Ils expliquent comment les choses se passaient à l’époque, témoignent de l’insuffisance des précautions prises et des conséquences sur leur santé.
« J’ai assisté à quatre essais nucléaires »
« J’avais 17 ans et j’étais matelot mécanicien sur un bateau. Avant l’essai, tous les bateaux à Mururoa se mettaient à l’abri en mer, à environ 20-25 km du tir. Ils y restaient entre une et six heures et étaient ensuite de retour à Mururoa, alors que le lieu était contaminé pendant 3 semaines en moyenne » explique Jean-Luc Sans.
« En 71-72, j’ai assisté à quatre essais, dont un qui a été néfaste puisqu’on a reçu une pluie radioactive ». Tout dépendait des unités, explique-t-il.
Il y avait des gens qui étaient sur l’atoll, d’autres qui étaient sur des bâtiments, base ou autres, à l’intérieur de l’atoll, et aussi ceux qui tournaient autour pour surveiller les alentours et qui faisaient des prélèvements d’eau et d’air. « Des fois, ils recevaient le nuage sur le coin de la figure, chacun a son histoire ».
Diverses maladies graves
« Quand on parle de maladies radio induites, on pense essentiellement aux cancers, mais la science évoluant, il y a de nouvelles pistes et on s’est aperçu que certains AVC pouvaient avoir été déclenchés par les radiations ». Jean-Luc Sans est le premier concerné puisqu’il a été victime d’un double infarctus et d’un arrêt cardiaque à l’âge de 38 ans. « On essaie de faire évoluer la loi Morin pour y inclure de nouvelles maladies »
Gilles Barillé, lui, se trouvait à Mururoa en tant qu’appelé. « On était avec l’insouciance des 20 ans puisqu’on avait tous à peu près une vingtaine d’années. On ne se rendait pas compte du danger ». Il y est même ensuite retourné travailler en tant que civil. « J’ai eu le cancer de la prostate prématurément, à 53 ans. Le souci, c’est qu’on ne peut pas le prouver, mais il y a quand même une grosse suspicion. D’ailleurs, le spécialiste trouvait ça hors du commun, 53 ans, c’est tout de même relativement jeune ».
Une demande de reconnaissance
Les vétérans ont fait des statistiques et même si ça n’est pas toujours facile à prouver, il ressort qu’il y a quand même plus de pathologies chez eux que dans le reste de la population.
« Ça fait partie des revendications, on va demander en commission de suivi que soient reconnus les cancers précoces de la prostate » précise Jean-Luc Sans.
Et Gilles Barillé complète : « Nous, ce que l’on souhaite, c’est que l’État reconnaisse avoir envoyé des civils et des militaires sur des sites contaminés. Quand vous recevez à 20 ans votre ordre de mission CEP (Centre d’Expérimentation du Pacifique), vous ne vous posez pas la question de savoir à quoi ça correspond, vous ne pensez qu’aux palmiers et à Tahiti. Ce qu’on leur reproche, c’est d’avoir profité de l’insouciance de jeunes de 20 ans ».
Extrait de l’article « Actu.fr du 19 mars 2025 »
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